Scènes anglophones: histoire et théorie – Théâtre (RADAC)

Responsables :

Elisabeth Angel-Perez (Sorbonne-Université)

Christine Kiehl (Lyon 2)

 

Atelier I

Jeudi 7 juin, 15h30-18h30

Salle V508

 

15h30

Estelle Rivier

Université du Mans (3 L.AM)

Mettre en scène les révolutions de Shakespeare, nos révolutions ? Les exemples de Julius Caesar et Richard II

En 2012, deux mises en scène du répertoire shakespearien marquent la scène de la RSC et l’écran de la BBC : Julius Caesar (dir. G. Doran) et Richard II (dir. R. Goold, The Hollow Crown). Ces deux œuvres ne sont bien sûr pas les seules où Shakespeare a décrit le renversement de monarques et l’avènement de nouveaux régimes oligarchiques, mais ici la juxtaposition de ces deux tragédies la même année fut remarquée par les médias. Le parallèle entre l’histoire romaine puis médiévale avec des schémas contemporains à notre siècle fut particulièrement souligné. Que ce soit sous forme de pièce de théâtre filmée ou de série télévisée, ces deux productions ont invité le (télé)spectateur à s’interroger sur le cycle de l’Histoire ainsi que sur l’ardeur que le dramaturge élisabéthain mettait à le dépeindre et nous, à le regarder. Cette analyse comparée sera aussi l’occasion d’expliquer le sens de l’adaptation, opération de transcodage perçue tantôt comme un moyen « paradoxal de renforcer la spécificité cinématographique » (Aumont & Marie, 2008), tantôt comme une façon de dire le texte théâtral avec les nuances de notre modernité.

 

15h50

Jeanne Schaaf

Sorbonne Université (VALE)

Faire corps/ faire chœurs, révolution du chœur antique sur la scène écossaise

La « révolution » porte en son étymologie (re-volvere) un sens paradoxal qui allie la notion retour (revolvere) et la notion de rupture. Cette connotation double du mot s’illustre sur la scène écossaise contemporaine à travers trois productions qui révolutionnent le chœur antique. The Events (David Greig, 2013) The Suppliant Women (David Greig, 2016) et Adam (Frances Poet, 2017) sont trois pièces qui d’une part ressuscitent cette modalité de représentation, opérant un retour vers une forme de théâtralité passée et qui, d’autre part, en interrogent la portée politique à l’ère contemporaine. Thématiquement, les pièces font échos à des débats politiques sensibles. Formellement, elles sont données comme incomplètes sans l’avènement de chœurs amateurs, recrutés à l’échelle locale ou globale. Véritable révolution scénique, ces chœurs participatifs, constitués d’amateurs, dessinent les contours d’une nouvelle esthétique de « l’être ensemble » (la communauté) et du « faire ensemble » (esthétique participative) au théâtre. La portée musicale de ces chœurs permet de transcender les frontières génériques et géographiques pour donner à voir de nouvelles polyphonies post-nationales. Par un retour au chœur antique, la scène écossaise opère donc une véritable révolution politique et esthétique.

 

16h10

Discussion et pause

 

16h40

Solange Ayache

Sorbonne Université (VALE)

Révolution quantique sur la scène britannique : quelle place pour le réalisme dans le théâtre des possibles ?

Dans Rewriting the Nation: British Theatre Today (2011), Aleks Sierz souligne la prégnance de l’imaginaire sur la scène britannique des années 2000, notant l’engouement pour la création de réalités alternatives et l’exploration de mondes imaginaires au cours de ce qu’il appelle « la décennie quantique ». La deuxième révolution quantique nous amène en effet à plonger dans des descriptions du monde contre-intuitives, questionnant nos perceptions communes et notre rapport à la réalité telle que nous l’expérimentons. La scène britannique s’empare de ces théories et concepts de la physique quantique pour mettre en forme, de manière métaphorique, les limites de la connaissance humaine et la nécessaire mise en œuvre de notre imaginaire dans nos rapports à autrui. De Copenhagen de Michael Frayn (1997) à Heisenberg de Simon Stephens (2015), le changement de paradigme induit par cette révolution scientifique qui bouleverse tous nos repères nous invite notamment à interroger la notion de réalisme théâtral dans le cadre d’un « théâtre des possibles » qui, plus encore qu’aux confins du monde physique, nous entraîne aux limites de la conscience et de la psyché.

 

17h

Cyrielle Garson

Université d’Avignon (“Cultural Identity, Texts and Theatricality”)

Changing Political Theatre in a Changing World: A Study of Chris Goode’s Recent Performance Work

British theatre-maker Chris Goode’s longstanding excavation of the “revolutionary” potential of theatre can largely be considered as a central feature of both his performance and critical output. From political plays (plays whose politics are made explicit or manifest) and his current exploration of verbatim theatre, to even more experimental ways of making theatre such as the ones created with the permanent all-male ensemble Ponyboy Curtis (2014), his work — inclusive of his notable contribution to theatre criticism — is indeed spattered with what he terms “incorporative dissidence”. As such, this paper will mainly focus on four case studies: Stand (2014), Apathy (2015), VS. (2017), and his 2017 adaptation of Jubilee. In light of Goode’s current mainstream status in Britain, it will also be necessary to question the entwined relationship between aesthetics, space and politics.

 

17h20

Discussion

 

17h40

Claire Hélie

Université Charles de Gaulle Lille 3 (CECILLE)

Evolution, involution, révolution : le théâtre de Alice Birch

Dans cette communication, je me propose de retracer le parcours de la dramaturge Alice Birch. A l’évolution d’une écriture qui explore le théâtre post-dramatique, répond une involution de la langue qui emprunte tant au bégaiement de Deleuze (l’aposiopèse est omniprésente) qu’à l’holophrase de Kristeva (ces narratèmes qui en disent long). Le spectateur assiste alors à une révolution du langage dramaturgique contre le néolibéralisme et le patriarcat. Ma communication sera ponctuée de lecture d’extraits de Birch suivis d’analyses collectives sous forme d’atelier afin d’ouvrir quelques pistes de réflexion sur ce que le mot « révolution » peut signifier sur la scène théâtrale aujourd’hui.

 

18h

Discussion

 

Atelier II

Vendredi 8, 9h-10h30

Salle V508

 

9h

Marion Coste

ENS Lyon / VALE (Sorbonne Université)

La guerre d’Irak dans le théâtre britannique : modalités de l’émergence d’un contre-discours au sein de l’institution théâtrale

La décision du gouvernement de Tony Blair d’intervenir en Irak aux côtés des États-Unis a provoqué dès 2003 de vives réactions sur la scène théâtrale britannique. L’opposition au conflit, protéiforme et virulente, a permis de renouer avec l’espace théâtral comme forum populaire et d’ouvrir le dialogue dramatique au dialogue philosophique, politique et éthique. Cette communication se propose d’examiner la démarche politique et dramaturgique de trois pièces (Called to Account: The Indictment of Anthony Charles Lynton Blair for the Crime of Aggression Against Iraq – A Hearing de Richard Norton-Taylor et Nicholas Kent, Chilcot de Richard Norton-Taylor et Matt Woodhead et The Vertical Hour de David Hare), ainsi que leur réception afin de déterminer les modalités du débat politique sur la guerre d’Irak au sein de l’institution théâtrale britannique et sur la valeur du contre-discours qu’elle entend opposer à l’institution politique.

 

9h20

Emeline Jouve

INU Champollion/Université Toulouse Jean-Jaurès (CAS)

Paradise Lost? The Living Theatre’s Paradise Now and the 1968 French Revolution

In 1968, the Living Theatre was invited to the XXIIth edition of the Avignon Festival as Jean Vilar was eager to open his festival to the younger generation and to new experimentation theatrical form. Yet, in the wake of the revolution of May in Paris, Vilar’s festival was debased as a “cultural supermarket” and a second revolution took place that summer 1968 in Avignon. The Odéon and Avignon crises demonstrated the synergy between the political and the theatrical by simultaneously enhancing the theatricality of politics and the politics of theatre. Interestingly (and paradoxically), in spite of the importance of the part played by The Living in the 1968 “Revolution”, official history has been oblivious of its involvement. This amnesia is symptomatic of the trauma of the lost utopian dreams which 1968 came to represent. The fifty anniversary of 1968 is the occasion to lift the veil on the forgotten episodes of this historical moment to further discover about the participation of The Living Theatre.

 

9h40

Christine Kiehl

Université Lyon 2 (Passages XX-XXI)

Fore (Aleshea Harris) ou l’impossible révolution ?

Fruit d’une collaboration franco-américaine entre Arnaud Meunier, metteur en scène, et Aleshea Harris, jeune auteure afro américaine, Fore! (2018) est une grande Orestie contemporaine, un vibrant manifeste qui questionne l’état de nos démocraties avec pour toile de fond attentats (11/9 ? Paris 2015 ?) et violences raciales (Ferguson 2014 ?). La pièce Fore! poursuit-elle les revendications des voix militantes des années 1970 (Black Panthers ou « The Personal is political ») ou encore celles de Black Lives Matter (2013) ? Aleshea Harris a fait connaître sa voix déchirante dans ses performances poétiques mais Fore! est-elle pour autant une pièce contestataire et/ou militante ? Si Arnaud Meunier s’interroge sur ce « que peut le théâtre face à la barbarie », nous interrogerons les potentialités dramatiques de la voix, des voix dans la pièce, mais aussi les voies idéologiques et dramaturgiques qu’elle emprunte.

 

10h

Discussion et clôture de l’atelier

Appel à contributions
Le cri du coeur de la jeune dramaturge britannique Alice Birch — Revolt. She Said. Revolt Again. (2016) — nous convainc qu’il est urgent de travailler sur les RÉVOLUTIONS suggérées par les organisateurs du congrès. Nous ferons donc  la part belle, entre autres, aux problématiques liées à la représentation de la révolution en scène, au passage à l’acte et à l’impact du théâtre sur la société (théâtre et politique; genre et politique), aux révolutions formelles (innovations techniques ou technologiques, avant-gardes, expérimentations). L’atelier accueillera des contributions pouvant porter sur toutes les scènes anglophones et à toutes les époques.
Vous pouvez, dès à présent et jusqu’au 8 janvier 2018, faire parvenir vos propositions (résumé, accompagné de quelques lignes bio-bibliographiques) à Christine Kiehl et Elisabeth Angel-Perez .