Musique et Culture Anglophone
Responsables :
David Bousquet (Bourgogne)
Jean Szlamowicz (Bourgogne)
Atelier I
Jeudi 7, 15h30-18h30
Salle C12
15h30
Eugene Brennan
American University of Paris / Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3
Afrofuturism: Anti-political Escapism or Revolutionary Escapology?
British music journalism has an unusual tradition of writing which is characterized by frequent references to critical theory and an intellectually adventurous writing style. This tradition of writing is perhaps best exemplified by afrofuturism, with its combination of academic concepts and popular culture fandom. Afrofuturism is a current of thought and music which identifies links between science fiction and the lived experience of African-Americans. For example, the jazz musician Sun Ra created a mythology of himself as an alien from outer space. Techno DJs such as Derrick May and contemporary pop singers such as Janelle Monae imagine near futures in which humans fuse with machines. These disparate examples all share a politicization of black experience through science fiction. My paper will examine how music journalists have attempted to theorize these trends, focusing on the British-Ghanian writer Kodwo Eshun (More Brilliant than the Sun: Adventures in Sonic Fiction (1998). For Eshun, black people live the estrangement science fictions writers have described.
16h
Ben Winsworth
Université d’Orléans (RÉMÉLICE)
‘Surrender to the void’: Rubber Soul, Revolver and the reinvention of the Beatles
Within the stark naivety of ‘Love Me Do’, Ian MacDonald heard ‘the faint chime of a revolutionary bell’, one that was to toll through the new decade in ways never imagined by Cliff Richard—‘They just don’t know what’s going to replace it’, sang Cliff in 1958, wistfully wondering about the decline of rock and roll. The Beatles absorbed and reshaped the energy of the original r’n b explosion of the previous decade. However, by 1965 they were in danger of losing their integrity and authenticity, swallowed up by mainstream success, and looking more likely to follow Cliff into the comfortable retirement home of show-business respectability than take part in any kind of revolution. This paper will look at how they managed to escape such a fate, reinventing their music, engaging with countercultural ideology and practice that offered a different kind of void to the personal nadir of ‘Help!’ Rubber Soul is where interesting transitions began as they started to develop in new, more radical ways, so much so that with the release of Revolver, that faint revolutionary bell detected by MacDonald was ringing out loud and clear.
16h30
Aude Labetoule
Université Lille SHS (STL)
Caractériser l’anglais de la musique pour l’enseigner en licence de musicologie : “It is about time!”
La musicologie est présente à l’université depuis près de cinquante ans. Pourtant, les besoins en anglais des étudiants de ces formations n’ont jamais été réellement définis. Cette communication se propose de pallier en partie à ce manque en présentant certains aspects de la formation LANSAD de l’Université de Lille SHS en licence de musicologie. Une place importante y est donnée aux contenus spécialisés, à savoir à l’anglais de la musique. Nous avons identifié ces contenus suite à une analyse des besoins des étudiants musiciens grâce à des questionnaires administrés à des spécialistes en musicologie, entre autres. Cette étude a conduit à l’identification et la caractérisation de situations de communication (« parler de son instrument », « comprendre un chef d’orchestre étranger », « commenter une œuvre musicale »). Ces dernières ont ensuite été transformées en tâches mises en place en classe. Le tout s’est fait grâce à des outils spécifiques (dictionnaires spécialisés, MOOCs). Nous souhaitons présenter la méthodologie d’analyse des besoins, pour nous concentrer plus spécifiquement sur la description des situations de communication identifiées et leur (re)construction pédagogique grâce à des outils utilisés par les musiciens-musicologues.
17h
Pierre-François Peirano
Université de Toulon (Babel)
‘‘Yandee Doodle’’ : aux origines d’une chanson révolutionnaire
Yankee Doodle fut l’une des chansons les plus populaires au cours de la Guerre d’Indépendance américaine (1775-1783) et, aujourd’hui encore, elle reste l’une des œuvres les plus marquantes de cette période et de ce que l’on a appelé « l’esprit de 1776 ». Dans cette intervention, les origines (européennes) de cette chanson seront étudiées, ainsi que ses différentes versions et son utilisation au cours de la Révolution et des décennies suivantes. Quelle image du Nouveau Monde se trouve ainsi véhiculée ? Au-delà du souhait d’une rupture avec l’Europe, Yankee Doodle ne symbolise-t-elle pas une forme de continuité ?
17h30
Blaise Douglas
Université de Rouen (ERIAC)
La mise en cause du mythe des MacCrimmon par Alistair Campsie : rébellion ou révolution ?
En 1980, Alistair Campsie publie un ouvrage s’attaquant aux MacCrimmon, pipers renommés de l’île de Skye qui auraient inventé le ceòl mór, la musique dite classique des Highlands, progressivement sacralisés par la tradition et dont les compositions, près de 500 ans plus tard, sont encore aujourd’hui couramment inscrites au programme des concours. Dans The MacCrimmon Legend, The Madness of Angus MacKay, Campsie s’attache à montrer que le XIXe siècle aurait embelli une réalité moins glorieuse. Le romantisme et la vision idéalisée des Highlands de Sir Walter Scott ont créé une dynamique à laquelle les musiciens n’ont pas échappé et dont ils ont peut-être profité sciemment. L’ouvrage de Campsie est donc iconoclaste, prenant le contre-pied d’une longue tradition. Mon intervention essayera de déterminer si la démarche de l’auteur peut paraître révolutionnaire, au sens où il apporterait un regard neuf et légitime sur le mythe des MacCrimmon, ou s’il faut davantage voir dans sa thèse un outrage et une rébellion face au conservatisme tranquille du monde de la cornemuse écossaise.
18h
David Bousquet
Université de Bourgogne Franche-Comté (TIL)
‘Rebel Music’: Reggae’s Revolutionary Ethos
Born in the ghettoes of Kingston after WWII, Jamaican popular music has established a powerful Afrocentric, working-class tradition of cultural autonomy and political radicalism. This is evident in both the lyrical content of reggae songs and the modalities of its practice (production, transmission…). This revolutionary ethos is amply analysed in the critical literature on reggae, notably in the works of Paul Gilroy (1987, There Ain’t No Black in the Union Jack; 1993, The Black Atlantic: Modernity and Double Consciousness) and Carolyn Cooper (2004, Sound Clash: Jamaican Dancehall Culture At Large). Yet, several trends can be seen as threats to the rebellious character of reggae, notably the appropriation of the music by the Jamaican state authorities in the construction of a national(ist) middle-class discourse and an increasing commodification of reggae as “world music” in the wake of Bob Marley’s success in the late 1970s. This paper will argue that, despite these trends and unlike other genres such as rock or hip-hop, reggae’s revolutionary potential has maintained itself in the present day, albeit problematically.
18h15
Jean Szlamowicz
Université de Bourgogne Franche-Comté (TIL)
Stuart Nicholson’s “Is jazz dead or has it moved to a new address?” Revolution or revisionism?
La critique de jazz majoritaire aujourd’hui s’est rangée au crédo de Stuart Nicholson : le jazz a « changé » et il relèverait désormais des « musiques du monde », du « métissage », et autres notions englobantes. On s’intéressera à la révolution radicale de ce discours : celui d’une reconfiguration radicale du phénomène qui a été connu par le nom jazz. Le passage d’une appréciation culturelle et esthétique du jazz tel que l’ont entendu ses premiers critiques (Panassié, Delaunay, Stanley Dance…) à un holisme négationniste est un fait significatif dont les prolongements politiques sont nombreux. Le post-modernisme, tel que le définit le sociologue Shmuel Trigano, prend ses distances avec les faits pour privilégier un récit. En nous fondant sur les remarques de Ralph Ellison, Albert Murray ou Stanley Crouch ainsi que la méthode de l’analyse du discours, nous étudierons les traits saillants du narratif critique actuel autour du jazz et l’arsenal lexical et argumentatif qui en construit les nouveaux contours, en particulier autour d’une poésie de l’indéfinissable dont les revendications « inclusives » ont pour effet d’exclure les acteurs enracinés du jazz de leur propre musique.
Appel à contributions
Dans le cadre du prochain congrès, l’atelier Musique et Culture Anglophone accueillera vos communications portant sur le thème « Révolution(s) ».
Merci d’envoyer vos propositions (en anglais ou en français), un résumé de 300 mots (max) et courte présentation bio-bibliographique, avant le 15 janvier 2018, à Jean Szlamowicz et David Bousquet.
Révolution(s) et musique
La notion de « révolution », dont le sémantisme lié au mouvement a pris divers sens, notamment politiques, s’est banalisée : les événements révolutionnaires sont désormais légions et la diffusion de cet emploi s’est accompagnée d’une axiologie désormais strictement positive. Ainsi, on a beaucoup appliqué le terme de « révolution » à la musique pour décrire l’émergence de formes considérées comme neuves.
On s’interrogera sur la pertinence du concept de révolution en matière esthétique, sur la perception du fait musical ainsi construite, sur sa dénomination en termes de mouvement ou de mouvance, sur la question générationnelle, etc.
On pourra également analyser le potentiel révolutionnaire de la musique, imaginé ou réel, tant on sait que la musique sous toutes ses formes a pu être associée à divers mouvements sociaux et politiques. Les paroles de chanson font souvent un usage explicite du concept de révolution, mais on pourra également réfléchir aux discours qui entourent la production musicale pour la représenter comme « révolutionnaire ».
Comme à l’accoutumée, notre atelier accueille toutes les perspectives disciplinaires abordant le domaine musical (histoire, sociologie, musicologie, linguistique, littérature, etc.) sans exclusive de méthode.