Arts Images Textes (SAIT)

Responsables :

Anne-Laure Fortin-Tournès (Le Mans)

Sophie Aymes (Bourgogne)

 

Atelier I

Jeudi 7, 15h30-18h30

Salle C105

 

15h30

Laurence Roussillon-Constanty

Université de Pau

Mutations in text and image studies: The case of memes

In his 1976 book, The Selfish Gene, evolutionary biologist Richard Dawkins coined the word meme to describe the way in which ideas, images, catchphrases, and so forth can multiply by leaping from mind to mind. Today, the name has taken up and the Internet literally sprawls with “memes” of all kinds that connect people and images duplicating previous ones. Images, video clips and quotes go viral that seem to defy classification and cannot be analysed using the classical tools of literary criticism or iconology.  How do these new hybrid objects that often contain text and image challenge our understanding and defeat the well-established concepts of intertextuality and intersemioticity? Does the fairly recent research on digital culture provide a critical frame allowing the study of this new species of fast-moving hybrid objects? These are the questions I should like to explore in my presentation.

 

15h50

Gwendoline Koudinoff

Université Lyon 3

La photographie comme révolution artistique des tableaux vivants au XIXe siècle

Les tableaux vivants s’imposent dès le XVIIIe siècle comme un divertissement théâtral majeur que Goethe a étudié lors de sa découverte des attitudes de Lady Hamilton, qui enchaîne, sur scène, des poses évoquant des œuvres picturales. Les tableaux vivants ont été qualifiés de « tableaux fugitifs » jusqu’en 1839, date coïncidant avec l’invention de la photographie qui va révolutionner la pratique des tableaux vivants car elle immortalisera, de manière immédiate, les poses esthétiques de ses adeptes. Autoportrait en noyé d’Hippolyte Bayard en 1840 se distingue alors comme le premier tableau vivant photographique tandis qu’en Grande-Bretagne les amateurs de photographie d’art s’intègrent dans un nouveau courant esthétique, le « High Art Photography ». Une analyse de ce dernier rendra compte du caractère hybride de cet art dont l’« aura » est censée être préservée, malgré le caractère reproductible du médium.

 

16h10

Claire McKeown

Université de Mulhouse

Un art de la vitesse : techniques visuelles et narratives dans « The Patagonia » de Henry James et « Irene Holm » de Herman Bang

Le XIXe siècle finissant, marqué par des innovations techniques accélérant les modes de vie, était pour Willy Hellpach un « âge de la nervosité ». En 1889, Henry James exprima sa difficulté à composer The Tragic Muse sans longueur excessive : il fallait l’écrire comme ses nouvelles, en misant sur « la rapidité et l’action » plutôt que la réflexion et la description. En 1890, le danois Herman Bang appelait impressionniste une littérature représentant la « surface mouvementée », évitant les « méditations psychologiques étendues ». Le critique Erik Skram parla alors de hurtighedskunst, expression ambiguë signifiant « art de la vitesse » ou « de l’art en vitesse ». L’étude de certaines structures narratives et effets de perception sensorielle montreront comment ces deux auteurs créent une esthétique de la vitesse, dans un contexte technique nouveau lié à l’impressionnisme pictural.

 

16h30

Questions et Pause

 

16h50

Claire Larsonneur

Université Paris 8

Machina povera ou le dépouillement de la science-fiction

Cette communication aborde l’articulation entre le geste et la machine, sous l’angle de ce que cela engage de notre subjectivité. L’imaginaire littéraire de la machine a évolué en même temps que les innovations techniques : d’abord monstres encombrants de métal et de rouages (locomotive de Lantier), puis surfaces informatiques opaques (des armoires IBM aux écrans ubiquitaires), les machines se sont faites plus petites, plus discrètes, plus individuelles et plus maniables (ipod et consorts), parfois intégrées au corps (oreillettes, puces). Deux exemples parmi d’autres, pris dans la science-fiction contemporaine : le tournevis sonique de Dr Who ou l’orison dans Cloud Atlas. Ces machines-là sont pauvres au sens de l’économie de moyens qu’elles déploient. Innovantes par le moins-disant, elles valent également par les disruptions qu’elles génèrent. Leur rapport au geste, à la nature et à l’organisation sociale sera examiné en lien avec les théories de Michel de Certeau et de Vilém Flusser.

 

17h10

Jennifer K. Dick

Université de Mulhouse

A Cyborgian Metaphysics of the Poetic Self: Bhanu Kapil and Jacques Sivan

The imagined Cyborg as self and the metaphysical questions this alternative, dual reality imposes on the writing of poetic autobiography are seen in the contemporary texts of Bhanu Kapil (Incubation: A Space for Monsters, 2006) and Jacques Sivan (Notre Mission, 2018). In both hybrid works, the individual is subsumed or paralleled by a kind of avatar, a cyborgian body (A.I. mechanical as opposed to biological). The exploration of autobiography within a space of multiple identities (both digital and biological), reader-text interface, gender/post-genders, desire and sexuality, travel/migration, and notions of truth when speaking of the author/narrator/speaker as “I” are subjected to innovative and complex renderings because of this cybernetic virtual reality. This talk will therefore analyze how these works explore the metaphoric and metaphysical issues inherent in our internet-connected increasingly robotic worlds where existence, interchange, and digital reality subsume the “real real”—raising the question of what is lived experience.

 

17h30

Hélène Gaillard

ESPE/Université de Bourgogne

Le graffuturisme : évolution ou révolution du street art ?

Proposé par l’artiste américain Poesia en 2010, le terme « graffuturisme » désigne une pratique abstraite du graffiti jouissant d’une grande liberté technique.  Héritier des futurismes italien et américain, ce mouvement s’éloigne de la figuration pour proposer des formes géométriques souvent colorées et aux contours marqués s’intégrant aisément dans les paysages urbains. Il renouvelle le genre des pratiques urbaines en se rangeant toujours plus du côté des arts graphiques et du design. On atteint ainsi un paradoxe car le graffuturisme souvent désigné comme le « futurisme 2.0 » ou « l’avenir du street art », se place dans le sillage d’une pratique datant de plus de cent ans et désamorce le potentiel contestataire du street art, genre auquel il appartient. Se posera alors la question de l’aspect révolutionnaire du graffuturisme et l’on examinera comment ce retour aux sources futuristes marque une rupture avec les pratiques urbaines contemporaines.

 

17h50

Questions et discussion finale

 

 

Appel à contributions:

L’atelier de la SAIT abordera la question de la révolution, thème mis au cœur du congrès de la SAES cette année, à partir de l’analyse, dans le texte et l’image, de la mutation, progressive ou radicale, des imaginaires et des représentations à laquelle nous assistons du fait des révolutions technologiques, de la période moderne à l’ère contemporaine. Nous mettrons en évidence la manière dont la technique influe sur les productions culturelles, sur la façon de les penser, et sur la constitution des sujets individuels et collectifs qui s’y articulent, ainsi que le montrent les analyses de Gilbert Simondon. Nous analyserons les représentations technophiles et technophobes dans le texte et l’image pour mieux appréhender l’impact des révolutions techniques et technologiques sur la production et la réception des œuvres littéraires et artistiques. Dans une perspective diachronique, nous nous demanderons notamment si la révolution opérée par l’introduction de la machine au début de l’ère industrielle est à mettre en parallèle avec celle instaurée par la généralisation des technologies numériques ou bien si les technologies numériques opèrent une rupture dans l’élaboration du lien entre l’humain et la machine, tel qu’il avait été établi avec l’industrialisation. Les interrogations de Walter Benjamin sur la perte de l’aura de l’objet d’art avec l’arrivée de la photographie peuvent-elles être mises en parallèle avec les discours technophobes rencontrés dans un certain transhumanisme ? Il s’agira de penser ces imaginaires et pratiques de la technique à partir d’une réflexion sur le lien indissoluble entre technique et production littéraire et artistique, dans la lignée des travaux de Jonathan Crary ou de Jean-Louis Déotte, et, au-delà, entre la technique et l’humain, dans un contexte où les technologies du numérique semblent avoir transformé de façon radicale le rapport du sujet à la machine, comme l’avancent Milad Douhei et Rosi Braidotti.

Les communications présentées lors de l’atelier s’intéresseront aux imaginaires des machines, des techniques et des technologies et à leur portée révolutionnaire, à partir d’exemples variés de textes et d’images, fixes ou mouvantes, et de pratiques artistiques telles que la danse, la musique, le théâtre, le cinéma ou les spectacles multimédias. Elles prendront également pour objet d’analyse les discours qui accompagnent leur production et leur réception. Elles chercheront à prendre la mesure des changements épistémiques induits par les révolutions techniques majeures et s’interrogeront sur la manière dont les technologies redéfinissent le champ des sciences humaines, en étant supports d’innovation artistique, ainsi que le soulignent Ollivier Dyens et Nicolas Thely. Au centre des débats se situera l’idée que les technologies engendrent beaucoup plus qu’une plus-value technique, et qu’elles tendent à redéfinir les sujets, l’humain et les discours des sciences humaines qui s’y rapportent, comme le rappellent Katherine Hayles et Donna Haraway. Ces interrogations seront l’occasion de présenter un état des lieux de la recherche intermédiale, en prenant en compte les travaux théoriques sur la performance à l’ère numérique (Sarah Bay-Cheng et alia ; David Cameron et alia ; Freda Chapple et alia), les évolutions médiologiques (citons par exemple les travaux de Paul Coldwell sur l’estampe) et de manière générale le champ couvert par les études intermédiales et les théories de l’adaptation (un champ élargi aux évolutions technologiques récentes dans les volumes dirigés par Thomas Leitch et Gabriele Rippl).

Les propositions de communication sous forme d’abstract de 300 mots en français ou en anglais sont à faire parvenir à Anne-Laure Fortin-Tournès et Sophie Aymes pour le 30 janvier 2018. La notification d’acceptation des communications sera faite le 25 février 2018. Une publication d’une sélection de communications est prévue. Les communications des chercheurs confirmés mais aussi des jeunes chercheurs ainsi que les perspectives interdisciplinaires seront les bienvenues.

 

Bibliographie

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Baetens, Hans, Close Reading New Media, Analyzing Electronic Literature, Leuven: Leuven University Press, 2003.

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Coldwell, Paul, Printmaking: A Contemporary Perspective, London: Black Dog, 2010.

Crary, Jonathan, Techniques of the Observer: On Vision and Modernity in the Nineteenth Century, MIT Press, 1992.

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Hottois, Gilbert, Philosophies des sciences, philosophies des techniques, Paris : Odile Jacob, 2004.

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